Astronomie et cosmologie


Titan: un monde à deux visages

L'image de gauche, prise en optique adaptative dans l'infrarouge avec le telescope de l'ESO, montre 2 zones plus claires sur les hémisphères de Titan, visibles vers les hautes latitudes, cela pourrait suggèrer la possible existance de calottes glacées.

L'image de droite est une vue annulaire de Titan en lumière naturelle, observé par la sonde Voyager 1.

 

Titan, la plus grosse des lunes de Saturne, demeure perpétuellement voilée de brume. Même les sondes Voyager n'ont pas réussi à percer cet écran. Aujourd'hui, c'est depuis la Terre que les premiers détails de sa morphologie viennent d'être mis à nu.

Titan est un monde à deux visages. Sur l'un de ses hémisphères règnent de "hautes terres", domaine des neiges éternelles de méthane. Sur l'autre, s'étendent à perte de vue des plaines uniformes. Par endroits, quelques petits lacs d'hydrocarbures, mais certainement pas l'immense océan qu'imaginaient les scientifiques. Ce nouveau portrait du plus gros satellite de Saturne est le fruit de récentes observations menées avec les télescopes de 3,6 m de l'ESO (La Silla au Chili) et du CFHT (Hawaï).

Jusque-là, Titan était resté avec Pluton, la dernière terra incognita parmi les corps principaux du système solaire. Perpétuellement masquée sous une épaisse couche du nuageuse, sa surface n'avait pu être photographiée par la sonde Voyager 1, qui s'en était approchée à moins de 6500 km en Novembre 1980. Le vaisseau automatique n'avait pas fait le voyage pour rien puisque ses détecteurs ont mesuré la composition de ces brumes opaques. A partir de ces informations, les astronomes ont tenté d'imaginer ce que pouvait cacher cette enveloppe de brume. Pendans 10 ans, la chimie complexe de l'atmosphère de Titan leur à fait croire dur comme fer que sa surface était un océan global d'hydrocarbures. Ils ne pouvaient cependant pas en rester aux conjonctures. En 1990, des tirs radar effectués avec les puissantes antennes du VLA (Very Large Array), au Nouveau-Mexique, indiquèrent (sans toute fois apporter la preuve) qu'une bonne partie de sa surface était solide. Les paysages les plus fous furent alors envisagés: des continents de goudron gelé séparés par des mers d'hydrocarbures, sur lesquelles flotteraient des icebergs de méthanes... Seules de nouvelles observations à travers les brumes ocres masquant Titan pouvaient mettre à terme à ces spéculations.

Depuis prés de 10 ans, avec les télescopes de 3,6 m de La Silla et d'Hawaï, révèlent ce qui était invisible. Aujourd'hui, ont est parvenus à établir la première carte fiable de l'astre. Que montre-t-elle ? Que le sol de ce monde distant de 1,25 milliards de km de nous, n'est pas homogène, ce qui exclut d'emblée l'hypothèse d'un océan unique. De hauts plateaux et des montagnes aux sommets encapuchonnés de glace de méthane semble se dessiner.

Voici la carte du plus grand satellite de Saturne (Titan), élaborée grâce au télescope spacial Hubble. La croix indique le point où le module Huygens s'est posé, à mis chemin entre les hauts plateaux et les basses plaines.