Astronomie et cosmologie


Changement d'atmosphère pour Pluton

Vue d'artiste de Pluton et Charon.

Le climat de Pluton est-il en train de ce modifier ? C'est ce que semble indiquer deux observations françaises effectuées l'été 2002. Le 20 juillet puis le 21 août 2002, la plus lointaine planète du Système solaire a joué à cache-cache avec les étoiles. Elle a d'abord éclipsé la dénomée P126A et projeté son ombre en Amérique du Sud. Seconde compagnie en jeu: P121.1. A 6 h 50 TU, ce 21 Août, la bande de totalité passait à Hawaï, juste au dessus du CFHT de 3,6 m. Une aubaine pour les astronomes, car les occultations sont de formidables occasions d'ausculter la lointaine et mystérieuse Pluton. Elle permettent, en analysant la variation de lumière durant le transit, de récolter une foule d'information à son sujet. La dernière en date, observée depuis l'Australie le 9 juin 1988, avait anisi permis d'apprendre que Pluton est recouverte d'une atmosphère ténue (quelques microbars de pression) composée essentiellement d'azote (O3). La courbe enregistrée à l'époque comportait, vers le milieu de l'occultation, une chute brutale de luminosité. Traduction: l'atmosphère devait compter 2 couches distinctes. L'une (au-delà de 20 km du sol), isotherme à environ -160°C; l'autre (en deçà de 20 km), beaucoup plus froide (-220°C).

Or la courbe faite l'été 2002 n'a pas du tout le même profil: la luminosité baisse de manière beaucoup plus progressive. L'explication d'une telle différence ? Deux hypothèses s'affrontent.

- La première: l'atmosphère est en train de de s'épaissir par effet de dégazage. En effet, même si Pluton s'éloigne actuellement du Soleil, son pôle Sud entre dans son première été depuis 120 ans. Or, celui-ci contient davantage de glace d'azote que le pôle Nord. En se sublimant, cette glace étofferait l'atmosphère, et la pression au sol en serait plus que doublée.

- Autre possibilité: la pression n'a pas changer mais la couche froide, à l'origine de la déviation brutale des rayons en 1989, est plus "basse" que prévu.

Dans les 2 cas, les rayons lumineux ont été déviés moins brutalement par l'atmosphère. Voilà pourquoi la luminosité n'a pas chuté aussi brusquement qu'en 1989.

Cette image en infrarouge a été obtenue 45 minutes avant l'occultation par le Naco, instrument d'optique adaptatrive monté sur le VLT.

Au centre, on peut voir P126 A, l'étoile occultée par Pluton (la plus brillante à gauche). Charon se trouve à l'extrême gauche.